Le film de 1933
L'Homme invisible (The invisible Man), film américain de James Whale (1 h 11).
Avec Claude Rains (Jack Griffin), Gloria Stuart (Flora), William Harrigan (Dr Kemp), Henry Travers (Dr Cranley), Una O'Connor (Mrs Hall), Edward E. Clive (policeman).
Deux ans après son "Frankenstein", James Whale réalise "L'Homme invisible", qui emporta le même succès populaire que son film précédent. C'est le premier long métrage fantastique parvenu à une telle réussite sur le plan des trucages visuels, stupéfiants pour les spectateurs.
Les acteurs interprètent formidablement leur rôle, même s'ils usent encore de gestes théâtraux. N'oublions pas que le cinéma parlant n'a seulement vu le jour que six ans plus tôt (le muet n'est pas loin).
Le film, dans l'ensemble, est assez fidèle au roman de H.G. Wells qui venait d'en vendre les droits d'auteur aux studios Universal. D'ailleurs, l'écrivain britannique a été plutôt satisfait du résultat de son oeuvre à l'écran. La mise en scène est rondement menée. Les spectateurs sont tenus en haleine du début à la fin, fascinés par ce héros si troublant, autant farceur qu'effrayant. Whale sait lier l'humour et la terreur. Plusieurs scènes sont très cocasses, d'autres dramatiques.
Les effets spéciaux de John P. Fulton sont remarquables pour l'époque, et laissent admiratif encore aujourd'hui par les innovations techniques déployées pour simuler l'homme invisible qui défait ses bandages, se déshabille en public, ne laissant de lui qu'une chemise gesticulant et poursuivant de pauvres bonshommes paniqués. Ou, lorsque chez Kemp, il s'installe dans un fauteuil et se met à boire et à fumer : verre, allumette et cigarette se meuvent tout seuls dans l'espace, comme par miracle. Et encore, quand une bicyclette se soulève et va son chemin, apparemment d'elle-même, au milieu des villageois ébahis, que des traces de pas apparaissent l'une après l'autre dans la neige...
A ce sujet, une anomalie relevée : si Griffin doit être entièrement nu pour se rendre totalement invisible, comment peut-il laisser des empreintes de chaussures dans la neige ?
A ce sujet, une anomalie relevée : si Griffin doit être entièrement nu pour se rendre totalement invisible, comment peut-il laisser des empreintes de chaussures dans la neige ?
En pleine tempête de neige, un personnage étrange, le visage recouvert de bandelettes, des lunettes noires sur les yeux, pénètre brusquement dans une auberge au fin fond de la campagne anglaise. Il s'agit de Jack Griffin, un jeune savant, qui après de longues recherches, a découvert le secret de l'invisibilité. Il en est devenu victime, après avoir tenté l'expérience sur lui-même, car il ne parvient pas à trouver la formule pour recouvrer son aspect naturel. Il compte poursuivre ses recherches loin de Londres, dans cette campagne retirée. Mais son irritabilité, ses crises de démence, ses gestes violents, et un vol commis au presbytère entraînent les protestations des villageois qui vont se liguer contre lui. La police vient l'arrêter. Se débarrassant de ses vêtements, il se sauve alors dans le froid hivernal.
Dans le roman de Wells, il est question d'un certain Marvel, un vagabond, que Griffin va utiliser, le forçant à aller récupérer à l'auberge des vêtements et les précieux livres qui contiennent ses formules. Dans le film, Whale a fait l'économie de ce personnage.
Par contre, à l'écran, on découvre à l'homme invisible une fiancée, Flora, inexistante dans l'ouvrage. La belle blonde, éprise de Griffin, va surmonter ses craintes pour tenter de raisonner et de sauver celui qu'elle aime, mais qui sombre dans la folie.
Un autre personnage, le Dr Kemp, se retrouve dans le roman et le film ; mais alors que Wells en fait un ancien camarade d'université de Griffin, pour Whale, il s'agit d'un collègue : Griffin et lui travaillant dans l'équipe de recherche du Dr Cranley (le père de Flora).
Comme dans le roman, Kemp dénonce l'homme invisible à la police, mais là, pour des motifs bassement calculés : il est jaloux de Griffin, car lui aussi aime la charmante Flora ; il cherche donc à se débarrasser de son rival. Ce qui causera sa perte : la vengeance de l'homme invisible est implacable. Le Kemp du roman est un homme courageux qui voit en l'homme invisible un mégalomane dangereux, quand le Kemp du film n'est qu'un lâche cherchant avant tout son propre intérêt.
Extrait : http://www.anyclip.com/actors/william-harrigan/
Quant au dénouement de l'histoire, s'il s'illustre toujours par la mort violente de l'homme invisible : dans le roman, il est assommé à coups de bêche par un ouvrier, alors qu'il tente d'étrangler Kemp ; tandis que dans le film, il tombe dans un piège : un paysan le dénonce après avoir deviné sa présence dans sa grange. Celle-ci est incendiée par les policiers, et c'est en voulant fuir les flammes, que Griffin, laissant des traces de pas dans la neige, se fait repérer, et qu'un inspecteur le blesse mortellement avec son revolver.
Si dans le roman, la fin de l'homme invisible est pitoyable : en pleine rue, son corps allongé, réapparaît, nu, défiguré et couvert de sang ; dans le film, Griffin redevient visible dans un lit d'hôpital, et expire, l'âme apaisée, la douce Flora à son chevet.
Claude Rains incarne Griffin, l'homme invisible. De taille modeste (à la différence du héros du roman qui mesure 1,82 m), sa voix profonde, vibrante, son rire démoniaque, sont des atouts pour interpréter brillamment le rôle. Ce visage, le spectateur ne le verra qu'à la fin du film, quand l'homme invisible apparaîtra sur son lit de mort.
Rains a connu une belle carrière cinématographique (de 1920 à 1965). Il interprète le félon Prince Jean, dans "Les Aventures de Robin des Bois", avec Errol Flynn (1938) ; Erique Claudin, le Fantôme de l'Opéra, dans le film éponyme (1943) ; Alexander Sebastian, un ancien nazi, dans "Les Enchaînés", de Hitchcock (1946)...
On serait tenté de comparer la voix terrifiante de l'homme invisible, son discours passionné, avec ceux d'un personnage bien réel qui, la même année 1933, conquiert le pouvoir en Allemagne, Hitler. Sept ans plus tard, avec son "Dictateur", Charlie Chaplin le dénoncera encore plus manifestement et caricaturalement.
On serait tenté de comparer la voix terrifiante de l'homme invisible, son discours passionné, avec ceux d'un personnage bien réel qui, la même année 1933, conquiert le pouvoir en Allemagne, Hitler. Sept ans plus tard, avec son "Dictateur", Charlie Chaplin le dénoncera encore plus manifestement et caricaturalement.
Claude Rains, alias l'homme invisible, déjeunant avec James Whale, le réalisateur du film.
Gloria Stuart interprète la ravissante Flora, la fiancée de Jack Griffin. On retrouvera cette actrice, 64 ans plus tard, interprétant le rôle de Rose Dawson, très âgée, dans le film "Titanic" de James Cameron (1997).
Gloria Stuart interprète la ravissante Flora, la fiancée de Jack Griffin. On retrouvera cette actrice, 64 ans plus tard, interprétant le rôle de Rose Dawson, très âgée, dans le film "Titanic" de James Cameron (1997).
La bande annonce : http://www.cinemafantastique.net/Homme-invisible-L.html
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